Portland : Le Pickathon est bien plus qu’un festival, c’est un portail

L’auteur d’Indie Guides Portland, Hannah Brown, partage avec nous son expérience au Pickathon, un festival de musique organisé début août près de Portland.

Je suis arrivée depuis moins de 30 secondes que mon cœur bat déjà au rythme de la musique provenant de la scène Mt. Hood : une poésie surréaliste s’échappe de la guitare de Robyn Hitchcock, son groove rock battant la mesure sans effort. Equipée de ma tente, mon oreiller et mon sac à dos, je m’approche du site, pressée de récupérer mon bracelet et de pénétrer dans le festival. Il s’agit de mon tout premier Pickathon (qui en est pourtant à sa 19e édition) et je suis prête.

Alors que nous suivons le sentier Quail jusqu’au sentier Fern avec mon ami, nous réalisons notre première erreur : les habitués du festival arrivent plusieurs heures, voire même un jour avant le début du festival, pour identifier le meilleur spot pour poser leur tente dans la forêt du Pickathon. Nous continuons à grimper. Des gouttes de sueur se forment dans le long de notre colonne alors que nous nous chamaillons gentiment à la recherche d’un spot. Après un peu moins d’un kilomètre, le voilà : un petit bout de terre juste assez grand pour accueillir notre tente pour deux personnes. La tension redescend dès que nous commençons à étudier ce qui nous attend ce week-end : des hamacs se balancent doucement dans la forêt, des tentures s’agitent alors que la température approche les 40 degrés. Plus rien d’autre ne compte : nous avons 60 heures pour profiter de la magie de Pickathon. Je savoure l’instant.

tents forest festival

 

Alors que nous nous rendons à la scène Woods, le rythme régulier du reggae de Dezarie nous incite à nous approcher davantage.

Cast down your burdens / And stop all the worrying / Joy cometh in the morning / Still strengthen yourself fe this domain

Au dessus de nous, la canopée des arbres forme un refuge, un espace où rien ne peut venir interférer avec ces paroles, cet artiste et cette communauté.

 

Avant de nous retrouvions de nouveau cette scène pour une superbe performance de l’icône soul Charles Bradley and His Extraordinaires, nous découvrons une vraie utopie. En passant d’une scène à l’autre, nous nous émerveillons de l’intimité qui se crée entre les artistes et le public au Galaxy Barn ; nous prenons plaisir à découvrir les publications à petit tirage soigneusement sélectionnées dans la bibliothèque. L’expérience sensorielle ressentie est difficile à décrire. C’est un monde qui favorise la musique plutôt que le temps, la fragilité plutôt que la cacophonie.

What did you tell me Mary / When you were there so sweet and very / Full of field and stars / You carried all of time

Les heures qui suivent pendant les deux prochains jours sont passés à faire de la randonnée, manger, boire (des brasseurs et traiteurs iconiques de Portland y écoulent de la pizza, de la bière, des biscuits, des bagels…), rire et découvrir – ce dernier point étant clairement au cœur du Pickathon. Chaque artiste joue deux fois, ce qui permet aux festivaliers de pouvoir profiter d’ambiances très différentes les unes des autres, du punk teinté de soul de Xenia Rubinos au blues enragé de Deer Tick, en passant par le spoken word de Tank and the Bangas. Devant les scènes du festival, toutes les générations se rassemblent à toute heure pour partager la vision du Pickathon, qui a autant à voir avec une expérience de l’intimité que la performance d’artistes. Alors que le soleil se couche le dernier jour, nous restons là à regarder les couleurs illuminer les les voiles suspendues au dessus de nos têtes. La lumière est idéale pour réaliser la photo parfaite alors que Drive By Truckers joue.

 

I can still remember the sound of their applause in the rain/ As it echoed through the storm clouds, I swear/ it sounded like a train

Mes dernières heures au Pickathon sont marquées par le pouvoir envoûtant du chant R&B de Moorea Masa, un moment passé à me balancer dans un hamac alors que le temps semble s’être arrêté, une autre assiette de Pine State Biscuits et un toast de cidre Swift cider, alors que nous levons nos verres en l’honneur de tous les artistes inspirants de cette édition.

Alors que je m’installe à l’arrière d’un taxi et que celui-ci prend la route du centre-ville, les mélodies du Pickathon résonnent toujours en moi. L’année prochaine, je ferai certaines choses différemment. Mais, pour l’instant, je compte les jours qui me séparent de mes retrouvailles avec la magie du Pickathon.

Retrouvez plus d’adresses alternatives dans notre city guide Indie Guides Portland.

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