5 musiciens dévoilent leur salle de concerts préférée en Europe

Nous avons demandé à cinq musiciens de nous décrire leur meilleure expérience de concert en Europe. Live dans une maison, un ancien tunnel, un espace aux airs de squat urbain, etc. : tour d’Europe de quelques uns des lieux de concerts les plus iconiques de Paris à Helsinki, en passant par Munich, Tilburg et Toulouse.


Noiserv : Milla à Munich (Allemagne)

Noiserv est le projet solo du compositeur, chanteur et multi-instrumentiste portugais David Santos. En live, il est connu pour ses performances d’homme orchestre, utilisant de multiples instruments : un métallophone, un melodica, des cloches, plusieurs claviers, un omnichord, un mégaphone, des guitare, sa voix, des jouets, des boîtes à musiques…

“Généralement, quand tu dis à tes amis que tu voyages autour du monde pour jouer ta musique, tous deviennent très jaloux. Mais la vérité n’est jamais aussi belle qu’elle en a l’air. Donc si tu as envie de découvrir les endroits où tu voyages, il vaut mieux choisir une autre façon de le faire qu’une tournée. Parfois, en tant que musicien, tu as uniquement le temps de t’installer, faire le concert, aller à l’hôtel avant de repartir vers une autre ville. Cependant, même en n’ayant pas le temps de découvrir la ville, tu peux de temps en temps sentir l’ambiance de la ville juste avec la salle de concerts et le public présent ce soir-là. La dernière fois que je suis allé à Munich, c’était le cas. Le concert avait lieu dans un ancien tunnel d’eau transformé en une super salle appelée Milla. Le public était super et c’était la meilleure façon de commencer une tournée en Allemagne. Cette fois-ci, même en ayant eu que peu de temps pour me balader dans la ville, j’ai senti que je la découvrais malgré tout.”

www.noiserv.net
www.milla-club.de

Manu Louis : les soirées Gifgrond à Tilbourg (Pays-Bas)

Choisissant de ne pas choisir le juste milieu mais plutôt de déborder dans les deux extrêmes, le Belge Manu Louis mélange l’exotique et glamour musique pop de son enfance avec les sons ringards des musiques populaires belges qu’il fit toujours de son mieux pour ignorer (brass band, Euro Dance, Trance industrielle…). Sa musique a été décrite par le musicien Felix Kubin comme une “musique vraiment funky, intelligente et malicieuse.”

“Le rez-de-chaussée de la maison de Thea à Tilbourg a été aménagé en une salle de concerts extrêmement bien équipée, décorée avec beaucoup de soin et d’étrangeté pour accueillir une fois par mois les soirées Gifgrond.
Le soir où je joue se produisent également deux autres excellents one man bands : Retrigger (Brésil), Hassan K (France/Iran) et un DJ, Logosamphia (Pays-Bas). Le public semble être présent pour découvrir avec appétit une nouvelle soirée freaky, entre art et rock’n’roll.
Ce qui m’a le plus interpellé au Gifgrond (et je suis sûr que ça arrive régulièrement), c’est ce sentiment que ce qu’y se passe est extrêmement important, que l’événement nécessite pour fonctionner la concentration et l’énergie maximum du public, des musiciens et des organisateurs.
Sans en parler, sans l’avoir cherché, sans pensée magique, sans quoi que ce soit d’ethnique, Thea et Paca ont réussi à créer des événements où on a davantage l’impression de participer à un rituel dans lequel l’énergie collective est au centre plutôt qu’à un concert.”

www.louislouis.org
www.gifgrond.nl

Emmanuel Pidoux du (Collectif) Yeepee : POHJA-klubi à Helsinki (Finlande)

(Le collectif) Yeepee, c’est la chambre d’écho d’Emmanuel Pidoux (guitare, voix). Un projet en perpétuelle évolution, oscillant entre one-man band, duo ou quartet pour violon​. Ce groupe français est au carrefour entre la musique populaire (folk et blues), l’improvisation expérimentale et la musique contemporaine.

“Un lieu qui m’a particulièrement marqué lors des derniers concerts du Collectif Yeepee était le POHJA-klubi d’Helsinki le 3 janvier 2015.
Situé un peu à l’écart du centre-ville, ce club est un open space industriel coincé entre studios de répétition et usines.
Tapisseries kitsch sur certains murs, tables en palettes entourées de coussins et de vrais chandeliers (avec de vraies bougies) lui donnent un air de cabaret post-moderne. Dehors il neige, le froid est mordant et nous sortons peu. Après une répétition de deux heures la veille, Wilja (voix) et Elsa (voix, violoncelle) sont (déjà) prêtes pour accompagner ce concert de leur musicalité d’ange.
La soirée est cosmopolite avec, dans le public, des Finlandais, des Français, des amis russes de passage, des Allemands, une guitariste italienne avec qui nous partageons la scène (Dagger Moth) et de talentueux locaux (Lake Jons). Ambiance chaleureuse comme l’accueil du public, curieux des propositions musicales.
On peut encore sentir des résonances des soirées festives du réveillon du jour de l’an trois jours plus tôt. On ne se doute pas de la tragédie qui touchera la France trois jours plus tard (tuerie de Charlie Hebdo). Rétrospectivement, cette soirée « trait d’union » reste marquante. Par l’opposition cruelle entre ces moment de communion nocturne festives et chaleureuses et cette matinée d’effroi.”

https://yeepee.bandcamp.com
https://www.facebook.com/pohjaklubi

Michael Wookey : Le Pop In à Paris (France)

Il y a très longtemps, un orgue portatif à pédales de l’Armée du Salut est tombé dans les mains d’un jeune anglais de 15 ans appelé Michael Wookey. Depuis, l’orgue portatif à pédales a été rejoint pas d’autres instruments, ésotériques : un Optigan, des Omnichords, des Casios en fin de vie attendant d’être réparés. Ces dernières années, Michael Wookey a habité à Paris. Il a également mis en musique en live la pièce “Alice au Pays des Merveilles” (50 représentations), a conduit un orchestre de 30 toy pianos pour le ministre de la Culture et a enregistré un nombre incalculable de musiciens parisiens dans son studio.

“Le Pop In est vraiment un endroit spécial à Paris pour jouer. Tu entres dans le bar, où on trouve généralement un mix d’expats et de locaux, mais la salle de concerts est tout au fond. Il y fait sombre et ça pue un peu mais les vibrations de milliers de performances d’artistes émergents transpirent du lieu. La salle est complètement séparée du bar, le public vient donc pour écouter et les concerts y sont généralement très intimistes. Il n’y a pas d’ingé son ni de technicien lumières mais c’est pourtant un endroit où je reviens toujours jouer parce qu’ils te laissent faire ce que tu veux et gérer l’endroit comme tu l’entends. Le propriétaire des lieux et programmateur est un amour, qui s’appelle Denis. Il est souvent là et traite bien les musiciens.“

http://www.michaelwookey.com
http://popin.fr

James P Honey du groupe Buriers : Les Pavillons Sauvages à Toulouse (France)

James P Honey est un ancien enfant star, un poète/hackeur et le leader du groupe londonien culte Buriers.

“J’étais en tournée en Europe en solo avec mon ami Babel Fishh. Tous les concerts de cette tournée on été touchants mais celui que nous avons joué aux Pavillons Sauvages à Toulouse a été particulièrement marquant. L’endroit est un vrai trésor et y jouer a été un honneur. J’y serai de retour cet hiver pour jouer avec Buriers et nous sommes tous très impatients à l’idée d’y jouer. Les gens y sont super, ils ont une vraie éthique DIY et la salle de concerts défonce. Génial ! Clairement l’une de mes salles préférées en Europe !”

www.buriers.co.uk
www.facebook.com/Les.Pavillons.Sauvages

Photos : DR et Carolyn Williams (photo d’ouverture)

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