Du quartier hippie de Christinia aux petits bars du centre, en passant par les spots à hot dogs, itinéraire dans la capitale danoise avec le musicien DIY Younolovebunny, Copenhaguais d’adoption.
Le Danois Younolovebunny (Claus Frøhlich à la ville) fait partie de ces magnifiques débrouillards pour qui la musique s’exprime d’abord dans sa spontanéité. Avec lui, les démos n’existent pas ; une démo, c’est un morceau. C’est ainsi qu’en une poignée d’années, il a accumulé des centaines de titres sur sa page Bandcamp. Sous le souffle poussiéreux du son cassette, on déniche aussi bien des mélodies qui déchirent le cœur que des riffs brutaux ou des boîtes à rythmes cabossées. Mais jamais de baratin. Nirvana, Daniel Johnston, Sonic Youth, Beat Happening sont quelques repères à avoir en tête lorsqu’on appréhende Younolovebunny. Et, pour se lancer, rien de mieux que le superbe album Happy Nation II publié en 2013 par les Français d’Almost Music ; en attendant son prochain disque prévu pour novembre. Pour nous, Claus a enfilé son costume de guide touristique à la découverte de Copenhague, décrite par ses mots comme une cité presque idéale.
Ta première impression en arrivant à Copenhague.
J’étais intimidé. J’ai grandi à la campagne et les grandes villes me faisaient peur. Maintenant j’adore vivre ici.
L’endroit où tu emmènes les gens qui ne connaissent pas la ville.
Le bar Galathea Kroen, c’est le lieu idéal pour planifier des aventures.
Le quartier le plus exotique.
Je dirais Christiania. On y trouve son lot de weirdos et de hippies mais, au-delà de ça, c’est un endroit magnifique, notamment le pourtour du lac avec ses étranges maisons. Les bars valent le détour également. Il y a le Woodstock si tu es une âme en peine ou Nemo Land si tu cherches des amis bizarres. Il faut simplement faire attention aux drogues et aux bagarres. La salle de concerts Loppen est un lieu incontournable là-bas. L’ambiance est amicale et les concerts top. J’y ai de très beaux souvenirs : Apples in Stereo, Scout Niblett, Michael Gira, Meat Puppets. On découvre aussi des jeunes groupes prometteurs.
Le quartier que tu évites.
J’essaye de ne pas trop m’approcher des grandes artères commerciales. Mais elles peuvent malgré tout mériter une halte. On y trouve de très bons fastfoods, et notamment des hot dogs autour de la tour Rundetårn. Les falafels et le shawarma valent également le coup.
La saison idéale pour venir à Copenhague.
Toutes les saisons sont chouettes ici mais, en tant que voyageur, venir l’été (entre mai et août) est un bon choix. On peut profiter d’Amager Strandpark et de sa plage. De là-bas, on aperçoit même la côte suédoise et la tour Torso Malmö, la plus haute de Scandinavie, qui culmine à 190 mètres. Pour plus de calme, rendez-vous dans le très beau parc Amager Fælled. Avec une tente, un barbecue et, pourquoi pas, un bateau, c’est parfait. Par contre, il faut prévoir de quoi se protéger des moustiques.
Les meilleurs spots pour traîner.
La forêt de Klampenborg, au nord, à la sortie de la ville. On y accède grâce à la ligne C du train S. C’est une forêt très ancienne remplie de daims et d’arbres gigantesques. Comme c’est assez sauvage, il ne faut pas oublier de ramener son casse-croûte. Un autre truc à faire dans le coin est d’aller à l’hippodrome Klampenborg Galopbane et de parier sur une course ! J’ai gagné 7 couronnes danoises la dernière fois que j’y suis allé… c’est-à-dire absolument rien (NDLR : 7 couronnes = moins d’un euro) mais je me suis beaucoup amusé.
En ville, avec des amis, je recommande le café Huset i Magstræde. Ils ont tout un tas de jeux de société. Dans le même bâtiment, il y a un petit cinéma et une salle de concerts. Plus dans le centre, on peut flâner du côté du jardin botanique (Botanisk Have). Sa collection de plantes et de palmiers venant du monde entier est impressionnante. La vieille verrière qui les abrite est tout aussi splendide. Pour la petite histoire, cette dernière a été construite par Jens Peter Jacobsen, le créateur des bières Carlsberg (alors n’hésitez pas à y aller avec un pack).
D’ailleurs, les fans de Carlberg pourront faire un détour par le musée Glyptoteket, bâti par Carl Jacobsen, le fils de J.P. Jacobsen. Sa collection d’art ancien et d’œuvres danoises du XIXe siècle est excellente. Pour l’art moderne, il faut plutôt aller au Louisiana ou au Statens Museum for Kunst.
Enfin, si cette démonstration de snobisme danois vous a plu, n’hésitez pas à aller au Château de Rosenborg découvrir le cœur du plus vieux royaume du monde. Il n’est pas très loin du jardin botanique. Car, oui, un jour nous avons eu un roi fou, Christian IV. Il avait un cache-œil et il dépensait tout l’argent de l’Etat pour construire des bâtiments luxueux ou s’acheter des trucs en or.
Raconte-nous une drôle de légende urbaine.
Du côté du port Langelinie, il se passe des choses bizarres avec la statue de La Petite Sirène sculptée par Edvard Eriksen. Un jour, un artiste – ou un fou – l’a décapitée. Si la tête a été remise depuis, on ne connaît toujours pas le coupable, ni la raison. Essayez de vous faire votre propre avis en allant directement sur place. Vous pourrez y acheter une figurine et la décapiter à votre tour pour voir ce que ça fait ! Profitez-en pour visiter le Palais Royal et faire un selfie avec les gardes.
Un événement original.
Étant très fiers de notre démocratie, nous ne nous privons pas de la montrer. Ainsi, plusieurs fois par an, on peut aller visiter la mairie. À la fin, on nous sert les fameux pancakes de la mairie. Sachez que les Danois sont imbattables pour les pancakes !
L’œuvre d’art qui décrit le mieux ta ville.
Même si c’est assez court dans le livre, il y a une magnifique description de Copenhague dans Voyage Au Centre De La Terre de Jules Verne. On y voit comment le professeur Lidenbrock et son neveu Axel grimpent à la pointe de l’Eglise de Notre-Sauveur et regardent en bas tout en préparant leur plongée dans les profondeurs du volcan islandais Snæfellsjökull.
Pour se faire une idée de l’humour danois et des traditions culturelles à Copenhague dans les années 1970-80, je recommande le film The Olsen Gang. Le gang Olsen est une bande de trois pieds nickelés qui veulent devenir millionnaires. Le film a été un tel succès qu’il a donné lieu à quatorze suites, très populaires dans les pays de l’ex-Union soviétique.
Qu’est-ce qui te rend fier de vivre ici ?
Copenhague est simplement une ville où il fait bon vivre. Les gens sont accueillants et aiment aider. Tout a du sens et chacun peut y trouver son compte. En plus, comme c’est une cité très ancienne, l’Histoire est partout. Il suffit de faire un tour au cimetière Assistens pour découvrir les tombes de personnalités danoises comme Hans Christian Andersen, Soren Kierkegaard ou Niels Bohr. L’été, les gens s’y retrouvent pour lire ou simplement passer du temps entre amis. On voit rarement ce genre de choses dans les cimetières.
Qu’est-ce qui te fait honte ?
McDonalds.
Ta première décision en tant que maire.
J’en sais trop rien… peut-être une distribution de T-shirts smiley pour tout le monde !
Des artistes confidentiels à nous présenter.
Pour découvrir et poser des questions, je vous recommande d’aller chez le disquaire Sound Station au 94 GammelKongevej. Ils sont incollables. Un jour, Thurston Moore y a fait un showcase.
Sinon je trouve que nous avons énormément de super groupes ici, voici quelques exemples : Sockpuppets, Sfo.Ma.To, Hook Jaw, The Glow Cats, The Pedestrians Pets, Drunken Butterfly, Tail & Feathers, De Agtige, Hvasseline, Dungarees and Dragons, Nasa Dude, Frederik Teige, Jacob Faurholt, Orphans, Crystal Shipsss, Grøn, Goodiepal, Tex Fuller, Several Things, Green Temples, Alger Hiss, Anders Thode, DoubleStone, Late Night Venture, I Am Bones, New Artless Creatures, Tears, Dorks, Cliff Waters, 209, The Welfare, Roadside Puppies, Øjerum.
Pour les artistes : Christian Gundtoft, Gudrun Hasle, Carl Christian Tofte, Louise Bech Pedersen, Arne Marius Skogås, Håkon Engesæth Danielsen, Anne Sofie Kamphøvener Øtrup, Paw Grabowski.
Et des écrivains : Jonas Suchanek, Anders Holst Markussen.
Photo : DR