Eva Sauphie est un peu comme les chats : elle a plusieurs vies. Une vie à Paris, une autre à Helsinki, une vie où elle a failli mourir asphyxiée dans un sauna, une autre où elle a été choriste dans un groupe de folk indé, et enfin sa vie actuelle où elle préfère parler musique qu’en faire. A l’occasion de la sortie d’Indie Guides Helsinki, elle nous parle de ses chouchous de la scène musicale finlandaise, de ses coins préférés à Helsinki et du meilleur de la culture nordique.
De quelle manière Helsinki influence ton travail ?
Helsinki est une ville reposante, entourée par la mer et les lacs. C’est une capitale attractive où l’on retrouve tous les attraits d’une ville dynamique; mais la nature dominante, la superficie et le nombre d’habitants (600 000 !) apportent une dose de zen dans la vie de tous les jours. Un calme environnant, propice à la création, qui permet de travailler dans des conditions idéales. A Helsinki, on peut se poser dans un café avec son laptop pendant des heures, dans la quiétude la plus parfaite. Chacun respectera l’espace de l’autre.
Parle-nous de ton péché mignon à Helsinki…
Les pulla ! Les brioches finlandaises… Impossible de résister aux roulés à la cannelle (les korvapuusti) et aux viennoiseries à base de cardamone. J’en viens presque à bouder le croissant !
Raconte-nous une anecdote amusante/inattendue qui t’est arrivée à Helsinki
La fois où je suis restée enfermée dans un sauna sous 80 degrés ! La porte n’était pas de toute première jeunesse, et s’est bloquée de l’intérieur. Moralité, on a dû casser une vitre pour s’en sortir et éviter l’asphyxie ! Une expérience qui ne m’a pas traumatisée pour autant. J’adore le sauna : c’est une institution en Finlande, un moment privilégié de détente et de bien-être. La coutume veut que le sauna s’accompagne de quelques bières : il n’y a que les Finlandais pour faire rimer spa avec cervoise !
Qu’est-ce que tu aimes le moins à Helsinki ?
La neige molle ! Ce moment gênant de l’année – généralement entre février et mars – où la ville fond, se transforme en vrai chantier et dégouline de gadoue. Dans ces cas-là, aucun vêtement ergonomique ne te viendra en aide pour affronter ce joyeux climat !
Qu’est-ce qui te manquerait le plus si tu devais quitter Helsinki ?
La patience des gens ! Ranger ses courses à la caisse sans ressentir de pression, sans que personne ne te regarde de travers, ni ne rouspète parce que tu prendrais trop de temps : priceless.
Quel est ton mets/ta boisson préférée à Helsinki ?
Les ingrédients de saison sont rares à Helsinki : coucou le climat nordique ! Alors il faut savoir apprécier les rares produits locaux qu’on trouve à la belle saison, comme les pommes de terre nouvelles – je n’en ai jamais mangé d’aussi bonnes ! – et les baies en tous genres que l’on cueille soi-même. Après ça, on se concocte une jolie salade, une tarte aux myrtilles et on est parés pour un pique-nique dans l’un des parcs de la ville, comme à Koffari, en suivant le fameux concept du pussikalja : « la bière en sac » !
Quel est ton lieu préféré pour t’échapper de la ville ne serait-ce qu’une heure ?
Le mökki sans hésitation ! Il y a toujours un ami pour t’inviter dans le cottage de famille, même à quelques kilomètres de la ville, à Espoo par exemple. Je le préfère quand il est old school, sans électricité ni eau. On va directement chercher l’eau dans le lac : une expérience pour une fille de la ville ! L’occasion de s’organiser une sorte de garden party loin de tout, avec une bande d’amis, de la musique, un barbecue, à l’occasion de Juhannus : le jour le plus long de l’année, quand la nuit de tombe jamais…
Cite un artiste local que tout le monde devrait connaître
Tom of Finland, un illustrateur du milieu et de la fin du 20e siècle, représentant du mouvement queer et gay, mort en 91. Il est né à Kaarina, mais a déménagé à Helsinki à l’âge de 19 ans. Et, en ce moment, j’aime beaucoup Jaakko Eino Kalevi, un artiste d’électro pop indie plein de promesses, et le folk bluesy de Talmud Beach.
Ensuite, tout le monde devrait connaître Pertti Kurikan Nimipäivät a.k.a PKN, ce groupe punk formé de musiciens autistes ou atteints de trisomie : ce sont de véritables performeurs qui auraient dû aller plus loin lors de l’Eurovision 2015. Autrement, je pense que le rap d’Helsinki gagnerait à être connu. Il y a ce groupe local qui vient de la banlieue de Kirkkonummi, à quelques kilomètres de la capitale, Likanen Etelä : c’est la « thug life » made in Finland !
D’après toi, quelle chanson transmet le mieux l’atmosphère d’Helsinki ?
Paha Vaanii de Marko Haavisto et Poutahaukat ! C’est une chanson un peu désuète, issue du film L’Homme sans passé d’Aki Kaurismäki, un cinéaste finlandais que j’adore en passant. Elle retranscrit à la perfection la jolie mélancolie qui habite la ville et ses habitants en hiver.
Quelle ville rêves-tu de découvrir ?
San Francisco, ou Dakar !
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