Elle est armée d’une plume et lui d’un Canon 5D. Ensemble, ils compilent des “instants parisiens”, sur leur site L’Instant Parisien et dans le premier numéro de leur revue bilingue, tout juste sortie de presse. Via des portraits touchants et intimistes, ils font sortir de l’ombre tout ce que Paris compte d’esprits créatifs : des artistes, des photographes de mode devenus fleuristes, des artisans passionnés…
Contrairement aux apparences, Laurence et Fabrice ne sont pas des Parisiens pure souche. Elle est originaire de Lyon et lui vient de Bretagne, mais leur attirance commune pour Paris les a poussés à venir investir la capitale il y a deux ans. L’idée de créer l’Instant Parisien est née juste avant, et le lancement de leur site internet a correspondu avec leur arrivée à Paris. Les chroniques de vies parisiennes qu’ils y postent régulièrement leur ont permis de se familiariser avec leur nouveau lieu de vie, jusqu’à connaître la ville intimement. Avec beaucoup de sensibilité et d’empathie, L’Instant Parisien se penche sur les esprits originaux et débrouillards qui œuvrent dans la capitale loin des projecteurs. Alors que le rush lié à la sortie du premier numéro de leur revue papier vient de se terminer, Laurence nous parle de leur projet.
Quel a été votre parcours avant de commencer l’Instant Parisien ?
Mon compagnon est photographe et vidéaste. Pour ma part, j’ai d’abord travaillé en tant que journaliste pour la presse magazine avant de m’orienter vers les médias digitaux. Mais j’ai arrêté depuis quelques mois pour me consacrer entièrement à notre projet.
A quoi ressemble votre quotidien ?
Notre temps est partagé en deux. D’un côté nous sommes à l’extérieur pour mener les interviews. Et de l’autre, nous restons à la maison pour l’écriture des articles et le traitement des photos. Récemment nous avons passé beaucoup de temps sur le terrain pour préparer le deuxième numéro de notre revue papier. Mais nous essayons d’alterner les deux assez régulièrement pour éviter d’avoir des phases d’écriture qui s’étirent pendant des semaines. Nous chérissons beaucoup la dualité de notre activité et la possibilité qu’elle offre d’alterner des moments de solitude et des moments de partage.
Comment choisissez-vous les gens que vous interviewez ?
Oh, il n’y a pas vraiment de critères de sélection bien définis, cela se fait de manière assez empirique. Mais, bien évidemment, nous cherchons à interviewer des personnes ayant quelque chose à raconter, grâce à leur âge, à leur talent, ou à un certain grain de fantaisie. La méthode de sélection n’est pas définie non plus, mais habituellement nous trouvons les sujets de nos interviews grâce à une veille sur internet.
Les clichés sur votre compte Instagram sont-ils fortuits ou est-ce que vous partez à la chasse aux instants parisiens ?
Certains sont le fruit du hasard, mais il faut garder en tête qu’avec les réseaux sociaux nous nous devons de publier du contenu régulièrement. Il faut être à l’affût, alors je regarde beaucoup autour de moi. Et puis nous avons des coins favoris pour prendre des photos. Les quartiers peu représentés sur Instagram comme le 20e arrondissement, ses petites ruelles et ses cours remplies de verdure par exemple.
Par quel médias similaires au votre êtes-vous influencés ?
Ce n’est pas très original… Mais le média américain Kin Folk et celui allemand Freunde von Freunden. Les deux ont commencé petit et ont eu par la suite la clairvoyance de produire à la fois du contenu digital et papier.
Qu’est-ce qui vous a poussé à produire une version papier ?
Cela faisait quatre ans que nous nous cantonnions à un support digital. C’est un très bon moyen pour se faire connaître et développer son activité, mais le papier est plus durable et il possède un aspect qualitatif que les autres médias n’ont pas. Même si la relation entre papier et numérique est de plus en plus développée, notamment aux Etats-Unis, nous avons également fait ce choix dans une volonté de nous démarquer. Nous avons hésité entre faire imprimer notre revue en France ou à l’étranger, où les tarifs sont parfois plus avantageux. Finalement, nous avons opté pour un imprimeur parisien afin de garantir une bonne qualité d’impression. Un choix que nous ne regrettons absolument pas.
Vous avez dépassé votre objectif lors de votre campagne de financement participatif pour cette revue. Comment expliquez-vous ce succès ?
Nous avons été les premiers surpris ! Mais je pense que les gens sont touchés par une forme de sincérité émanant de notre projet. Nous sommes juste là pour raconter des histoires. Et puis, nous entretenons une communauté très vivante sur les réseaux sociaux.
La couverture de la revue montre une terrasse parisienne. Pensez-vous que c’est un symbole de cette ville plus que d’une autre ?
Nous devions lancer la campagne de financement participatif pour notre revue quatre jours après les attentats du 13 Novembre. C’est vraiment très mal tombé, mais nous ne pouvions pas faire marche arrière. Et je ne le regrette pas, la vie a pris le dessus sur l’effroi et les terrasses sont restées un lieu de rencontre privilégié dans la capitale. J’ai le sentiment que le symbole de la terrasse parisienne est ancrée dans l’imaginaire collectif. Cela ne veut pas forcément dire que les terrasses de café abondent plus à Paris qu’ailleurs. Mais l’évocation d’une chaise de bistrot parisienne suscite une image bien plus vivace que celle d’une chaise de bistrot dans n’importe quel autre pays.
Quelle est ta terrasse préférée à Paris ?
J’ai adoré une des terrasse dans laquelle nous sommes allés boire un café l’autre jour. Elle ressemble à un petit jardin privé et se situe à l’opposé de ce que l’on imagine trouver dans Paris : une sorte de bulle de déconnexion verte et calme. L’adresse ? Cette petite terrasse appartient à l’hôtel des Marronniers, au 21 rue Jacob dans le 6e arrondissement. Mais elle n’est pas réservée aux clients de l’hôtel. Vous pouvez vous y rendre tous les jours jusqu’à 23h30.
Comment est-ce que votre regard sur la ville a évolué depuis que vous avez créé ce site ?
Nous avons toujours adoré Paris, alors nous ne nourrissions pas vraiment d’attentes particulières en arrivant ici. Nous avions l’idée d’une ville très cosmopolite et cela se vérifie sur le terrain. Par notre travail, nous essayons de retranscrire la multiplicité de la ville et de ses habitants. A titre d’exemple, notre revue papier comporte un dossier sur des créateurs d’origine africaine travaillant avec du tissu wax, un article sur une artiste céramiste originaire de Tokyo et un autre sur trois bottiers qui avaient entre 80 et 90 ans.
Y a-t-il une interview qui t’a particulièrement marquée ?
Les bottiers. Ils ont vécu le Paris de Doisneau, alors forcément leurs récits font rêver. Et au-delà de ça, ils se rappellent de la capitale en tant de guerre. Avec un parcours aussi riche, ils étaient obligés d’avoir de bonnes histoires à partager.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous allons reprendre la publication d’articles sur notre site internet de manière plus assidue… Nous avons un peu délaissé cette activité avec tout le travail que nous a demandé la sortie du premier numéro de notre revue papier. Et nous travaillons également pour produire le second numéro de cette revue, dont la sortie est prévue pour la fin du mois d’octobre ou de novembre 2016.
Retrouvez les Instants Parisiens sur le site web de Laurence et Fabrice ou commandez leur revue papier ici.
Photos: L’instant Parisien
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