Le réalisateur Nikolaus Geyrhalter a filmé des bâtiments et lieux abandonnés par l’homme aux quatre coins du monde. Il en a tiré un documentaire fascinant aux frontières de l’urbex et de l’œuvre d’art cinématographique.
Il faut être disposé à se laisser aller à la contemplation pour apprécier pleinement Homo Sapiens, le nouveau documentaire de Nikolaus Geyrhalter. Pendant 1h30, une succession de plans fixes, sans dialogue ni voix off, transporte le spectateur dans des lieux construits par l’humain où la nature a depuis de nombreuses années repris ses droits. Une ville abandonnée surplombant la mer, une église, une école, des bureaux dévastés, un théâtre sous les eaux, un grand huit ensablé : pendant cinq ans, le réalisateur autrichien a parcouru le globe pour filmer des bâtiments et constructions abandonnés, de Fukushima en Bulgarie, en passant par les Etats-Unis, l’Amérique du Sud et l’Europe.
La seule présence qui vient troubler la quiétude des lieux est celle du chant des oiseaux, du passage dans le plan d’une tourterelle ou d’une grenouille, du souffle du vent, du clapotis de la pluie. La vision donnée par Nikolaus Geyrhalter est celle d’une terre vidée des hommes (suite à l’extinction de l’Homo Sapiens ?). Les lieux explorés semblent avoir développé leur propre vie sans l’homme.
Récemment, un article pointait du doigt le fait que l’homme ne pouvait vraiment se reposer que dans la nature. En ville, les constructions humaines gardent l’esprit constamment en éveil. Est-ce ce phénomène qui rend Homo Sapiens si envoûtant ? Est-ce cette frontière floue entre nature et civilisation ? Nikolaus Geyrhalter est un documentariste engagé mais aussi un photographe de talent. Ces plans fixes ont tout de la photographie en mouvement. On pense parfois aux cinemagraphs, ces photos animées qui rencontrent de plus en plus de succès. Un choix esthétique qui renforce encore la fascination générée par les lieux. Captivant et troublant.
A propos d’Homo Sapiens : http://www.geyrhalterfilm.com/en/homo_sapiens